L’Erreur

L’occasion d’être libre après les échecs d’un acte.

Imperfection

L’erreur désigne une réponse qui ne correspond pas à la réplique attendue ou à un comportement approprié. Certains parlent plutôt de faute, comme d’un manque : un concept négatif. Lorsqu’un appareil a un défaut de fabrication, on le retourne à l’usine pour y remédier. Et dans notre société de surconsommation, on remplacera même ce produit par un neuf. En va-t-il de même pour l’humain ?

Dans les mœurs de notre civilisation, c’est un peu pareil : les divorces et les faillites en sont des témoins exemplaires. Le zapping et le scrolling sont devenus des réalités tangibles au sein même de nos relations « défectueuses ».

Voilà sans doute pourquoi nous avons tant de mal à concevoir l’erreur sanctionnante qui nous renvoie à nos imperfections et nos manques d’intelligence.

Comment, alors, pouvons-nous gérer cette erreur pour qu’elle soit constructive lors de nos apprentissages ?

Santa Cruz, Tenerife. Escapade au parc ombragé de Garcia Sanabria.

Premier regard

Le premier regard que nous portons sur le jeune en difficulté est primordial. Il se veut chargé de confiance (Carl Rogers) et d’autorisation à l’erreur. C’est lorsqu’il sent qu’il peut se tromper que l’apprenant progresse. Pour apprendre, l’élève DOIT se tromper; sinon, il n’apprend rien, il sait (Thomas Debrux).

L’erreur fait donc partie inhérente de l’apprentissage. L’identifier permet de mettre en place des Moyens Didactiques adaptés. Plutôt qu’une faute condamnable, l’erreur peut devenir le symptôme d’un obstacle auquel la pensée des élèves se confronte. Car apprendre, c’est toujours prendre le risque de se tromper (Jean-Pierre Astolfi) .

 

Languedoc-Roussillon, France. Réflexion au château cathare de Lastours

Mieux encore, l’enseignant peut prendre en compte l’erreur de l’élève, car l’erreur n’est pas la manifestation d’une ignorance qu’il faut corriger. Au contraire, l’erreur, inévitable dans le processus d’apprentissage, est le signe d’une progression. Échouer c’est avoir la possibilité de recommencer, de manière plus intelligente (Henry Ford)

Lorsque l’apprenant est conscient qu’il peut se tromper, il comprend l’intérêt d’apprendre et de s’adapter. Le droit à l’erreur permet les remises en question fondamentales, base de toute élévation pédagogique, humaine et sociale.

Et comment arrive-t-on à se remettre en question ?

Schaerbeek, Belgique. Quentin au simulateur du Train World.

Remise en question

À l’École Autrement, avec fermeté et bienveillance, le jeune va affronter ses propres réalités sociales, disciplinaires, éducatives et pédagogiques. Sa remise en question, comme sa progression, passe par le choix de déposer, au milieu du groupe, des engagements mesurables.  

Or, la peur d’échouer empêche cette démarche de croissance. Éduquer c’est avoir foi en celui qui progresse devant nous. Donner sa confiance c’est enfin dire sa vision positive sur l’acte du jeune pour encourager son optimisme dans l’accomplissement de cette préhension du savoir (A-prendre). C’est encourager l’erreur qui permet d’avancer.

Malte. Barque échouée aux abords des quais après la tempête.

Le véritable regard bienveillant de l’équipe éducative communique au jeune le sens de son propre regard sur l’apprentissage. Dans son parcours à l’École Autrement, l’élève conscientise le fait qu’il doit prendre un risque pour acquérir des connaissances. Lorsqu’il tombe, il apprend l’importance d’évaluer ses blessures et la force qu’il va lui falloir pour se redresser. C’est par cette prise de conscience qu’il peut mesurer l’importance de ses choix à venir. C’est tout le sens du terme « Liberté » dans la Loi : une liberté qui autorise l’élève à se tromper devant tous, sans risque de moquerie.

Comment affronter les obstacles ?

Braine l'Alleud, Belgique. Paul-Guillaume hésitant à construire son édifice en capla.

Résistances

Lorsque l’apprenant tombe, ce n’est pas la chute qui importe, mais la manière dont il va se relever, ce qu’il va mettre en place pour ne plus choir au même endroit, pour affronter le prochain obstacle et pour se développer.

L’obstacle est souvent une représentation négative du processus d’apprentissage induit par le déjà-là de l’apprenant. Son apprentissage antérieur (ce qu’il sait ou croit savoir) contredit alors les nouveaux concepts envisagés par l’enseignant. L’obstacle c’est ce qui vient se placer entre le désir de connaitre et l’objectif pédagogique (ce que l’on étudie) (Gaston Bachelard) . En d’autres mots : l’esprit de l’apprenant engendre l’erreur lorsqu’il imagine en fonction de ce qu’il croit savoir.

Comment se défaire de cette résistance au changement ?

Il s’agit pour l’enseignant d’encourager l’élève à modifier sa manière d’aborder le savoir. Quatre pistes peuvent être travaillées par l’étudiant (Gaston Bachelard) :

  1. Ses préjugés = L’apprenant peut se défaire de ses préjugés intellectuels et affectifs ainsi que de ses opinions toutes faites.
  2. Ses habitudes = L’apprenant peut éduquer son esprit à refuser les habitudes.
  3. Sa réflexion = L’apprenant peut encourager sa réflexion logique en ne s’appropriant pas les vérités non fondées.
  4. Sa critique = L’apprenant peut stimuler son esprit critique et sa liberté de jugement.

Le rôle du pédagogue est, ici, d’encourager l’apprenant à chercher, à chercher véritablement. L’apprenant devient chercheur pour surmonter ses propres obstacles. Il est acteur de son apprentissage, c’est à dire des recherches qui mènent à son objectif pédagogique.

L’enseignant définit l’objectif en fonction de son programme et entraine l’élève à l’atteindre.

Malte. Chute maladroite.

Peur

Pour progresser, l’apprenant va finalement devoir affronter ses peurs et ses cauchemars. Le rôle de l’enseignant est alors de montrer les avantages du changement en défiant d’abord ses propres angoisses et ses craintes personnelles face aux changements qu’il doit aussi envisager : proposer de nouveaux moyens didactiques, adapter ses méthodes de travail ou modifier son rapport à l’étudiant.

Le rôle de l’enseignant est aussi de montrer aux jeunes qu’ils peuvent défier leurs propres histoires. Ensemble, ils vont s’autoriser à continuer leurs éducations et à modifier, immanquablement, leurs environnements.

Planetoïde LV-426, univers. Éveline confrontée à son étranger.

Être

C’est ici que le professeur enseigne ce qu’il est, comme une mère le fait avec son plus jeune enfant. Il témoigne de l’importance de ce changement bénéfique, non par un discours moralisateur, mais par des actes qui prouvent sa progression motivée par un désir profond de mieux faire (Lord R. Baden Powell). Car le pédagogue enseigne d’abord par ce qu’il est, ensuite par ce qu’il fait et enfin par ce qu’il dit.

C’est là tout le sens d’une Pédagogie Délibérée où chacun est conscient de l’acte qu’il commet pour l’évolution de tous.

Pecica, Roumanie. Maman encourageant son bébé à faire ses premiers pas.
Riga, Lettonie. Découverte monumentale.

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