L’Environnement
Ombre portée
Pourquoi t’intéresses-tu à la partie sombre de nos histoires ?
L’être humain nait avec une prédisposition innée à communiquer, à apprendre, à enseigner, à raisonner, à imaginer, à créer, à ressentir de nombreuses émotions, à avoir de l’empathie, à être intuitif et juste (Céline Alvarez, 2016). Mais il nait également avec une immaturité qui le caractérise des autres êtres vivants : le développement de ses potentiels innés est conditionné par la qualité de son environnement. Sa plasticité cérébrale lui permet d’inscrire, dans ses fibres neuronales, l’héritage de son entourage familiale. En d’autres termes, l’environnement détermine la qualité du développement de nos potentiels initiaux.
Alors il est essentiel de comprendre comment la partie sombre de nos histoires personnelles entachent à ce point nos vies. Et dans la mesure ou nos aïeux, grand-parents et parents se fondent en nous (Alexandro Jodorowsky, 2011) , il me semble bon d’éclairer notre passé d’une telle lumière qu’elle embellirait notre présent et celui de ceux qui nous entourent. D’aller chercher en arrière les racines qui stabiliseront nos lendemains. Juste parce-qu’il y a l’idée que le trésor et le piège s’unissent dans le descendant (Alexandro Jodorowsky, 2011).
Culture familiale
Le rôle des familles se situe bien là : nourrir l’intelligence de ses enfants, et ce, dès la naissance. Jusqu’à l’âge de cinq an, on peut estimer que le cerveau humain, particulièrement impressionnable, acquiert la majeure partie de son bagage social. Les années qui suivent ne permettent plus qu’un affinage de ces acquis. L’éducation peut faire place à l’étayage.
C’est ainsi que nous constatons souvent la pauvreté du vocabulaire parmi les familles les plus socialement démunies, et un vocabulaire enrichi dans les familles favorisées. Dans les premières, peut nourrissantes, par exemple, les phrases sont fortement réduites (Viens ! J’t’emmerde ! Ramène ! Fait chier !) et les termes utilisés sont souvent des interjections brèves et chargés de violence latente. Dans les secondes, les phrases sont plus élaborées (sujet, verbe et complément), les conversations plus variées et les sujets abordés bien plus respectueux de tout un chacun.
Le travail des parents, des puéricultrices et des enseignants en maternel est donc primordial car nous savons bien aujourd’hui que les premières années de vie construisent les fondations de l’intelligence. Car, ce qui crée l’inégalité entre les êtres, ce ne sont pas les gènes, mais le milieu (Céline Alvarez, 2016).
Milieu scolaire
Mais qu’en est-il dans le milieu scolaire ?
La mission de l’École est-elle d’éduquer les élèves ? Je pense que oui. Aujourd’hui, un enseignant est prof, psychologue, parent, éducateur. On devrait presque parler d’Educa-prof (Vincent Morimont, 2020).
Quant à la gestion de classe, nombre d’enseignants la subissent sans s’y intéresser véritablement. Or, l’enseignement suppose une série de dispositifs incontournables qui éduquent à l’intérieure même de l’environnement scolaire :
- Un lieu : L’enseignant, en entrant le premier, invite les étudiants à pénétrer dans la classe, son territoire.
- Des personnes: L’enseignant commence par nommer les élèves afin que chacun puisse exister pour les autres. Il écoute leurs présentations avant de se présenter lui-même.
- Un profilage : L’enseignant procède au profilage de son groupe classe. Il repère les Intelligences multiples développées par les élèves et leurs aptitudes à apprendre et à enseigner (Tutorat). Il évalue également leurs connaissances (le déjà-là) sur la matière qui le préoccupe (ses leçons).
- Une Loi : L’enseignant dicte la loi immuable et sans condition. Cette loi est au-dessus du groupe et prime sur le savoir et l’enseignant.
- Un savoir : L’enseignant planifie et construit ses leçons en fonction du programme et de son public-cible.
- Une éducation: L’enseignant veille à ce que son enseignement soit compatible avec le niveau social des apprenants. Il tient compte de l’environnement éducatif de son public-cible.
Si tant est que l’enseignant tienne compte de ces différents facteurs favorables à une bonne maîtrise de ses élèves et de leurs apprentissages, il reste souvent démuni face à des jeunes issu de milieux divers et de cultures variées. L’hétérogénéité sociale, culturelle et éducative qui existe entre les différents acteurs éducatifs entraine trop d’incompréhensions et de blessures identitaires. Il est devenu urgent de se pencher sur les questions de « gestion de classe »
Pouvoir d’éducation
Qu’avons-nous alors comme pouvoir sur les apprenants de secondaire en matière d’éducation et de socialisation ?
Peu à dire vrai.
Par contre, nous avons un pouvoir énorme sur nous-même, celui d’être congruent (Carl Rogers). En ayant un comportement et des attitudes cohérentes avec son message, l’adulte nourrit le jeune et lui enseigne le bagage social qu’il attend de lui en retour. Pour le jeune, les comportements de l’adulte sont exemplaires, quel qu’ils soient.
Et dans une avalanche aucun flocon ne se sent jamais responsable. Or, de combien d’avalanches suis-je responsable dans ma classe ?
Pistes
Il est à notre portée d’influer positivement sur le développement de l’enfant en agissant sur son environnement. Cela tient des mécanismes éducatifs et des neurone miroirs :
En voyant perdre un adulte lors d’un jeu de société, le jeune apprend comment perdre à son tour. Si l’adulte perd en râlant, le jeune comprend que perdre est mal. Si par contre, l’adulte perd en reconnaissant la valeur de son adversaire et en s’interrogeant sur les erreurs qui lui ont valu cette défaite, le jeune apprend en même temps la valeur d’un échec constructif.
C’est ainsi que l’adulte enseigne ce qu’il est. Lorsqu’il parle en formant des phrases complètes et structurées, lorsqu’il s’exprime sans hausser le ton, lorsqu’il conserve un tempérament toujours adéquat, lorsqu’il a des attitudes positives, lorsque ses actes sont justes et constructifs, il enseigne à ses apprenants ce qu’il attend d’eux ensuite. Il enrichi son environnement.
J-Luc Carels
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