Tâches

Les leçons s’y font avec le jeune. On y travaille diverses méthodes pédagogiques actives qui tiennent compte de l’action du jeune. Même si partir de l’élève c’est risquer l’occasion d’être surpris par une question imprévue.

Pour créer ses leçons parfaites, l’enseignant idéal besogne parfois tout un week-end à chercher, se documenter, mener quelques expériences, rédiger le texte de sa leçon et s’entrainer à donner le cours. Combien de temps passe-t-il alors pour une leçon de 50 minutes ? Deux heures ? Deux jours ?

Et l’élève, combien de temps a-t-il pour digérer cette même matière ? Il va devoir résoudre en 50 minutes une énigme que ce bon enseignant a pris des jours a préparer.

Ainsi, à contrario, je pense qu’il est judicieux d’augmenter le temps d’implication de l’élève dans les recherches qui mènent à l’apprentissage. L’enseignant analyse son public, défini l’objectif pédagogique à atteindre, dispose sa classe de manière judicieuse et organise l’activité. L’élève agit pour prendre à lui le savoir mis à sa disposition par l’enseignant.

Tierce

L’équipe EA est la tierce personne, celle qui permet le dialogue constructif lors d’un conflit. Elle ouvre un chemin vers un nouvel équilibre entre les intervenants (enseignants – jeunes – parents).

La personne tierce est médiatrice, elle est respectueuse du secret et de l’identité positive des  personnes en difficulté qui se confient à elle.

Elle est attentive à l’ensemble de la difficulté dans le but d’aider les parties antagonistes à vivre mieux. Dans cette perspective, la solution au problème n’est pas donnée par la somme des explications de ses parties. Autrement dit, l’ensemble des avis divergents possède parfois davantage de possibilités que le seul fait dramatique qui en résulte (un chahut, une bagarre, un acte violent, une blessure ouverte, par exemple).

La tierce personne tient compte de toutes les données possibles avant de proposer des pistes de solutions acceptables par tous.

Pouvoir

La Research Team est souvent mis à mal dans des dossiers parfois épineux. Elle oeuvre en toute discrétion et le plus efficacement qu’il soit. Mais les limites du possible sont souvent atteintes. L’Autre (le jeune, le parent ou l’enseignant) peut lui échapper car il est libre de par la Loi qui sous-tend l’École Autrement. Cette liberté permet à chacun de ne plus adhérer à la règle dans la mesure où elle ne correspond plus à ses anciennes valeurs.

Celui qui vient pour travailler sur lui-même et opérer un changement fondamental apprend qu’on n’a aucune emprise sur l’Autre et un pouvoir énorme sur soi-même. C’est un mécanisme compliqué pour notre hôte : Comment perdre le pouvoir présumé sur celui qui l’agresse et, dans un même mouvement, diriger ce pouvoir ultime sur son propre comportement qu’il croyait raisonnable ?

Limites

Cette contradiction, dans la tête de celui qui vient travailler sur lui-même, est une réalité dans un univers où tout bascule : mon ennemi devient bon et intouchable, alors que moi je dois identifier les points à améliorer chez moi.

La limite de ce changement tient dans le démarrage de la transformation de notre hôte (la personne en difficulté). C’est là que le travail de l’Équipe Autrement s’achève : là où commence le travail du jeune sur lui-même. Et cela prend du temps.

C’est souvent dans les moments les plus difficiles que le travail sur soi est le plus pertinent.

C’est dans la noirceur d’une existence bousculée par l’imminence d’une exclusion définitive, d’un divorce ou de la perte de l’Autre, que le changement est parfois le plus concevable.

Les moments sombres de nos vies sont là pour nous donner l’occasion de chercher une autre lumière, un autre objectif à l’existence. Ils soulignent fortement la souffrance pour que nous préservions les Autres de son épreuve.

Mais, travailler sur soi-même ne veut jamais dire brader ses valeurs ou se rabaisser devant l’Autre. Cela signifie relever l’Autre, le mettre en valeur, lui donner sa chance.

Relever l’Autre, c’est se donner une juste place.

J-Luc Carels